Le gène POC5 joue un rôle majeur dans la survenue de la scoliose idiopathique. C’est ce que révèle une équipe de l’université de Montréal (Canada) et du CHU de Lyon (Rhône) dans le Journal of Clinical Investigation.
Sous l’égide de la Fondation Cotrel, c’est une avancée majeure vers la compréhension et le traitement de cette affection.
LE GÈNE POC5
UNE ÉTAPE CRUCIALE VERS LA COMPRÉHENSION DE LA SCOLIOSE IDIOPATHIQUE
Aujourd’hui 80 % à 90 % des scolioses idiopathiques sont correctement traitées mais, si la communauté scientifique est parvenue à trouver quelques pistes, les causes de l’apparition d’une scoliose restent encore très mystérieuses et les conséquences parfois dramatiques.
C’est grâce aux colloques scientifiques internationaux annuels que la Fondation Cotrel organise depuis 15 ans que se sont rencontrées deux équipes complémentaires dans l’identification d’un des gènes responsables de l’apparition de certaines formes familiales de la scoliose idiopathique.
La scoliose idiopathique touche près de 3% de la population générale à l’âge de 16 ans et se caractérise par une déformation de la colonne vertébrale qui survient au début de l’adolescence et s’aggrave pendant la croissance. Une rotation de certaines vertèbres s’accompagne alors d’une inclinaison de la colonne, qui conduit à une voussure dorsale. Cette gibbosité peut avoir de nombreuses conséquences telles que des douleurs invalidantes et des problèmes respiratoires parfois sévères. Les retombées peuvent aussi être sociales, parfois professionnelles ou liées aux conséquences esthétiques
Une équipe de recherche, déjà soutenue par la Fondation Yves Cotrel – Institut de France, a d’abord montré en 2011 que le défaut de deux gènes (sur le chromosome 5 et le chromosome 3) était responsable de certaines formes familiales de la scoliose idiopathique.
Mais il restait à identifier les gènes en cause.
C’est maintenant chose faite pour le gène situé sur le chromosome 5, grâce à la collaboration, sous l’égide de la Fondation Cotrel, de l’équipe du Pr Patrick Edery et une équipe canadienne de l’Université de Montréal dirigée par le Pr Florina Moldovan, du CHU Sainte Justine.
Il s’agit du gène dénommé POC5, qui semble jouer un rôle majeur dans la mise en place de l’asymétrie corporelle droite-gauche, très précocement lors de l’embryogénèse. De plus, de façon étonnante, ce gène est fortement actif dans le cerveau, ce qui laisse penser que le défaut est situé au niveau du contrôle cérébral de la statique rachidienne. Ce travail constitue une avancée majeure pour comprendre l’origine de la scoliose idiopathique et donc pour envisager des stratégies thérapeutiques dans le futur.
Pour faire ce travail, les chercheurs ont tout d’abord lu les séquences d’ADN situées dans les régions d’intérêt du chromosome 5 préalablement déterminées et ont identifié une variation du gène POC5 qui a attiré leur attention chez les patients scoliotiques d’une des 6 familles françaises. L’étude de 41 autres familles françaises a alors montré que 10% d’entre elles environ étaient également porteuses de variations de l’ADN dans ce même gène, ainsi que certains patients sans forme familiale. Les chercheurs ont ensuite transféré ces mutations de l’ADN chez un modèle animal, le zébrafish ou poisson zèbre, qui a alors développé une déformation de sa colonne vertébrale similaire à celle observée chez les patients.
Ce travail, effectué par un post-doctorant de l’équipe franco-canadienne, le Dr Shunmoogum A. Patten, a permis de démontrer le rôle du gène POC5 dans la survenue de la scoliose idiopathique.
Il s’agit là d’une avancée majeure vers la compréhension des mécanismes conduisant à la scoliose idiopathique.
Il ouvre la voie vers l’identification de l’ensemble des gènes et peut-être des facteurs environnementaux qui contribuent à la survenue de cette affection.
Une étape cruciale vient d’être franchie vers la compréhension et le traitement de la scoliose idiopathique, dont les causes étaient jusque-là méconnues.
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